Nous vous proposons plusieurs situations, ciblant la qualité du regard au sens large, pouvant être travailler en alternance :
- Encourager les situations d’attention conjointe (s’intéresser ensemble à un objet commun)
exemples :
-projeter des effets de lumière au plafond
-utiliser un pointeur laser
-regarder ensemble des objets éclairés avec une lampe de poche (en les nommant, ou en les faisant pointer et nommer selon le niveau de l’enfant)
- Favoriser les jeux impliquant un contact visuel direct avec la personne
exemples :
-les jeux d’interaction, où la personne se trouve en face-à-face avec nous : « tourner ensemble sur un fauteuil pivotant » ; le jeu bien connu « je te tiens par la barbichette » ; « bateau sur l’eau » ; les jeux de « coucou/caché » ; « faire semblant de dormir et ouvrir subitement les yeux, les jeux de grimaces devant un miroir… et toutes situations de plaisir partagé qui sont autant d’occasions pour « capter » le regard de la personne.
Au début, il est possible de chercher à aligner les regards à l’aide d’une guidance physique (en soutenant légèrement le menton de l’enfant pour l’aider à comprendre ce qu’on attend de lui). Mais nous veillons à ne pas prolonger ce type de guidance et l’estomper au plus vite si elle entraine l’effet inverse ! Il est également envisageable de poser son doigt entre vos deux yeux pour l’inciter à regarder dans cette direction.
-les jeux de « longue vue » : regarder des endroits du visage d’autrui ou des objets à l’intérieur d’un rouleau en carton.
-la découverte ludique des yeux : lui faire toucher vos yeux, vos cils (et inversement) ; regarder les yeux d’une poupée ou d’un personnage illustré.
-l’utilisation d’objets attractifs : lunettes lumineuses, maquillage atypique, gommette entre les deux yeux, nez rouge, objets fluorescents…
Il est parfois profitable de faire bénéficier à la personne d’un appui au niveau du dos, permettant ainsi de stabiliser sa posture et de ce fait « libérer » plus facilement le regard (Bullinger, 2004).
Au niveau neurophysiologique, nous précisons que le couplage fonctionnel entre les récepteurs vestibulaires et visuels (notamment via les systèmes d’ajustements oculo-vestibulaires (Rodieck, 2000) sont intéressants à travailler en séance de jeux impliquant conjointement l’équilibre à la stabilisation du regard.
- Stimuler la motricité oculo-manuelle
Dans une perspective fonctionnelle, il apparaît judicieux de multiplier les situations avec un guidage visuel indispensable à l’accomplissement de l’action, amenant l’enfant vers une motricité de plus en plus opérante, associant le travail de l’oeil et de la main.
Quelques exemples à adapter selon l’âge et les capacités de la personne :
-viser des cibles variées (lancer une balle dans un panier de basket, faire tomber des quilles, envoyer un sac lesté dans un cerceau…) ;
-dribbler ;
-jouer aux fléchettes ;
-s’envoyer un ballon de baudruche, de la main ou avec une raquette, en veillant à ce qu’il ne tombe pas sur le sol ;
-enfiler des perles ;
-coller des gommettes ;
-découper en suivant un trait (varier les formes du tracé) ;
-faire des pliages d’origami ;
-reproduire des nœuds avec une corde ;
-proposer des jeux de transvasement (remplir/verser) ;
-proposer des jeux de construction (puzzles, encastrements, empilements) de type Lego®, Kapla® ;
-proposer des jeux graphiques avec des contraintes d’inhibition (points à relier, lignes à ne pas dépasser, labyrinthes…) ;
-encourager certaines expérimentations quotidiennes (mettre le couvert, boutonner, enfiler, servir à boire, cuisiner, faire ses lacets…) et les activités de bricolage (planter un clou avec un petit marteau, visser et dévisser des boulons…).
- Soutenir les progrès par quelques principes éducatifs au quotidien
-utilisation de renforçateurs selon les centres d’intérêts de la personne afin d’encourager le comportement ciblé et augmenter sa fréquence d’apparition.
-répétition de situations, intégrées aux routines quotidiennes. Par exemple, le moment du repas peut être stratégique, en portant le couvert contenant la nourriture à hauteur de ses yeux pour « obtenir » son regard.
- Penser à créer un environnement « hypostimulant »
Il est montré que le ralentissement du débit de nos gestes et de nos productions sonores facilite le traitement de l’information (Gepner, 2009). Il apparaît ainsi prudent de veiller à ne pas « bombarder sensoriellement » la personne pour faciliter le maintien de l’interaction avec lui.
Parfois, nous préférerons nous adresser au bénéficiaire par un « contact latéral » (de côté), moins direct et potentiellement moins intrusif.
Lors des tâches au bureau, il est possible d’utiliser un petit paravent (« barrière pop-up ») pour l’aider à focaliser son regard sur un espace de travail délimité.
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